Cette friandise est appréciée dans le monde entier sous des formes et des goûts très variés. Qu'il soit chaud ou froid, liquide ou solide, salé ou sucré, ou encore sous forme de sauce ou de pâte à tartiner, le chocolat est aimé de tous. Les peuples d'Asie, et plus particulièrement le Japon, partagent un penchant pour le chocolat sucré. Cela se traduit par de riches desserts, des confiseries ainsi que des boissons. Bien que le chocolat ne soit pas originaire du Japon, le pays est connu pour avoir donné sa propre signature à cette friandise. De nouveaux produits chocolatés y sont constamment introduits et les habitants des grandes villes telles que Tokyo font la queue devant les chocolatiers pour avoir la chance d'acheter la dernière création chocolatée. Au Japon, le chocolat est particulièrement populaire à l'occasion de la Saint-Valentin, où la coutume veut que les femmes offrent du chocolat aux hommes.
L'histoire du chocolat au Japon
Pendant le Sakoku, politique commerciale d'isolement national du Japon (entre 1650 et 1842), le chocolat était très difficile à obtenir. Il fut d’abord observé de loin par les japonais aux mains des marchands hollandais qui visitaient Nagasaki. Ces marchants consommaient le chocolat sous forme de boisson. A cette période d’isolement, Nagasaki était le seul port accessible aux étrangers mais il n’y avait que peu d’échange avec la population japonaise. C'est pourquoi, au début, le chocolat n'a pas trouvé d'écho auprès des Japonais.
L'enclave commerciale néerlandaise de Nagaski, l'une des premières enclaves commerciales étrangères.
Après la fin de l'isolement du Japon, les confiseries occidentales sont devenues disponibles là où les non-Japonais se sont installés, comme à Yokohama. Mais, le chocolat est resté un produit importé coûteux, acheté presque exclusivement par des résidents étrangers ou des Japonais fortunés qui avaient adopté tout ce qui était occidental.
Le cacao n'étant pas produit dans le pays, la majorité des Japonais n'avaient aucun moyen de découvrir le chocolat au XVIIIe siècle ; à la place, les confiseries populaires se limitaient aux wagashi traditionnels (pâtisseries à base de plantes servies avec du thé, telles que le mochi ou le daifuku).
L'industrie japonaise du chocolat a véritablement débuté au début des années 1900, lorsque Taichiro Morinaga est rentré au Japon des États-Unis et a ouvert la confiserie occidentale Morinaga's Western Confectionary Shop. Sa passion pour les confiseries occidentales a donné naissance à la première entreprise moderne de confiserie au Japon et au premier chocolat produit en masse dans le pays, sous la forme de « Milk Caramel », immédiatement populaire. Ce dernier, qui est apparu en 1914, se présentait en boîte de poche remplie de petits morceaux individuels. La barre de chocolat au lait Morinaga est apparue quatre ans plus tard : c’est le premier produit travaillée directement à partir de fèves de cacao qui a fait passer le chocolat du statut d'article de luxe importé à celui de friandise produite dans le pays et donc largement accessible. Ce produit a eu suffisamment d'impact sur les Japonais pour qu'une société rivale, la Meiji Chocolate Company (créée en 1918), se précipite alors pour lancer ses propres tablettes de chocolat en 1926.
Au début des années soixante, le chocolat était déjà devenu plus populaire au Japon que d'autres types de confiseries, et l'intérêt pour le chocolat fin s'est accru au cours des décennies suivantes, à mesure que les Japonais voyageaient, travaillaient et étudiaient principalement en Europe. Lorsque les barres Kit Kat anglaises sont arrivées au Japon en 1973, l'opportunité de créer des saveurs inventives a eu un effet boule de neige : depuis l'an 2000, il y a eu plus de 300 saveurs Kit Kat en édition limitée, toutes réservées au marché japonais. Parmi ces saveurs : Sakura (fleurs de cerisier), matcha latte, amazake (boisson à base de riz sucré), limonade ramune, cheesecake et pastèque pour n’en citer que quelques-unes.
Aujourd'hui, cinq grandes marques de chocolat japonais dominent les rayons des magasins de proximité : Fujiya, Lotte, Ezaki Glico, ainsi que Morinaga et Meiji, les deux marques établies de longue date. Le chocolat de Meiji, l'un des principaux fabricants de chocolat japonais, est disponible sous près de 130 formes différentes. Un exemple connu est la série des Meltykiss. Ces truffes, au chocolat délicieusement riche et saupoudrées de poudre de cacao, sont conçues pour fondre à la température de la bouche. Elles sont si délicates à manger qu'elles ne sont disponibles que pendant les saisons plus fraîches. On trouve également en magasin des marques occidentales de chocolat bien connues telles que De Neuville, Jeff de Bruges, Marquise de Sévigné, Leonidas, Maison du Chocolat, Godiva, Lindt ou Nestlé, mais celles-ci sont surtout achetées dans des boutiques exclusives ou par des touristes qui passent dans une supérette ou un supermarché.
Le chocolat « courant » pour les japonais se trouve dans les supérettes et les supermarchés mais ces derniers sont loin d'être les seuls endroits où l'on peut trouver du chocolat « made in Japan ». L'un des stands de nourriture les plus populaires des festivals japonais n'est autre que celui du «Chocobanana» qui vend la banane enrobée de chocolat. Le chocolat noir a également gagné en popularité ces dernières années, l'accent étant mis sur la production de barres de chocolat avec un travail sur le processus de fabrication à partir de la fève. La barre de chocolat "The One" de la marque Meiji en est un bon exemple. Enfin, le chocolat artisanal et de luxe s'est lentement imposé au Japon, avec des chocolatiers qui ouvrent des boutiques dans les grandes villes et des marques comme Royce.
Le rôle du chocolat dans la culture japonaise
L'amour de longue date du Japon pour les traditions et le respect des saisons joue un rôle important dans la popularité du chocolat. Le chocolat étant un merveilleux véhicule de saveurs nouvelles, on voit apparaître des chocolats saisonniers : des fraises enrobées de chocolat dès le mois de janvier, un engouement pour la menthe au chocolat chaque été, et des saveurs automnales comme la châtaigne et la patate douce vers la fin de l'année. Ceci illustre la véritable spécificité du chocolat japonais : sa grande variété de combinaisons de saveurs, ses variations saisonnières et ses liens avec des occasions festives et des événements particuliers.
Les barres de chocolat Kit Kat (Kit Kat se traduit approximativement par "kitto katsu" ce qui signifie bonne chance en japonais) sont également devenues une sorte d'objet de collection au Japon. Il existe par exemple des dizaines de parfums qui représentent la saveur d'une préfecture japonaise : le melon d'Hokkaido, la banane de Tokyo, la pomme de Shinshu et même le Wasabi de Shizuoka-Kanto. De plus, lorsque certains parfums font l'objet d'une édition limitée, cela déclenche un style de chocoholisme qui consiste à « Attrapez-les tous » !
À côté de toutes ces variétés de friandises, vous trouverez également des barres de chocolat mélangées à du riz soufflé ou à des noix et des fruits, des bonbons aromatisés au chocolat ainsi que des bouchées de nappage chocolat sur tout sorte d’aliments : des fraises, des gaufrettes, des mousses au riz croustillant et des biscuits à la pâte de haricots rouges pour n’en citer que quelques-uns.
Très populaire au Japon, la célébration de la Saint-Valentin, toujours liée à la romance, est un évènement pour lequel le chocolat prend un rôle prédominant. Au Japon, ce sont les femmes qui fabriquent ou offrent des gourmandises chocolatées aux hommes de leur vie ce jour-là. Et, un mois plus tard, le 14 mars, c'est la Journée-Blanche, un astucieux stratagème marketing imaginé par les chocolatiers japonais, qui incite les hommes à rendre aux femmes les faveurs de la Saint-Valentin, en leur offrant encore plus de chocolat ! Cette coutume unique en matière de cadeaux chocolatés, ne se retrouve nulle part ailleurs aujourd'hui.
De plus, lorsque les chocolatiers japonais ont réalisé que le chocolat au thé matcha était une alliance subtile de parfums donnant un goût fort agréable et apprécié du publique, tout a basculé. L'engouement pour cette saveur particulière a fait exploser les ventes.
Les japonais n’ont pas juste adopté le chocolat mais y ont pris goût et se montrent particulièrement inventifs pour trouver de nouvelles recettes et parfums et pour les intégrer dans leurs traditions. Cela pour le bonheur des japonais de tout âge et bien souvent en faisant abstraction des créations gourmandes du reste du monde
Curieusement, les saveurs japonaises de gingembre et de yuzu qui connaissent un succès fou comme parfum de chocolat dans le monde occidental, n'intéressent pas les japonais !
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